Si vous êtes en Mongolie et que vous souhaitez vous rendre en Chine, une des meilleures options est de faire le voyage en train en prenant le fameux Trans-Mongolien. C’est tout une expérience, mais vous avez besoin de temps car le trajet dure environ 30 heures depuis Oulan-Bator, capitale de la Mongolie, jusqu’à Beijing, capitale de la Chine. Vous pouvez également le faire dans l’autre direction à partir de Beijing.
Le train quitte la capitale mongole à 7 heures du matin depuis la gare principale. Vous avez deux options pour le voyage : la première ou la seconde classe (original non ?). La différence entre les deux ?? La première classe vous offre un peu plus de confort avec un compartiment pour deux personnes comportant deux lits superposés, un petit fauteuil et une salle de bain – avec douche – privée (enfin, semi-privé parce que vous partagez avec la cabine d’à côté). La deuxième classe propose un compartiment pour 4 personnes mais une seule salle de bain pour tout le wagon. Du coup, tout dépend de votre budget et du nombre de personnes avec qui vous voyagez.
A noter que les wagons disposent d’une douche dans les salles de bains, d’une petite kitchenette et d’un mini-réfrigérateur pour stocker les aliments, au cas où vous auriez prévu un sandwich ou quelques bières (toujours utiles).
Après avoir passé presque un mois à partager nos yourtes et autres tipis avec des familles entières, nous avons décidé de nous offrir le luxe de la première classe (au diable l’avarice). Cerise sur le gâteau, en plus d’avoir notre propre compartiment, on se rend compte au départ que notre wagon est totalement vide… le luxe suprême (sans doute l’un des avantages de partir hors saison).
Le train n’est pas tout neuf mais il est plutôt en bon état. La décoration : des tapis de sol vintages, des rideaux rose bonbon et des édredons à dentelle lui donne au final un style kitsch-rétro plutôt sympa. Surtout si l’on ajoute au décor les « hôtesses » avec leurs uniformes impeccables et leur sourire de gardiennes de prison. Quant au restaurant, il paraît tout droit sorti d’un film de Wes Anderson, un côté désuet et un personnel très (très) spécial… qui lui donne une ambiance aussi étrange qu’intemporelle.
Pour agrémenter le trajet, nous ne saurons vous recommander de prévoir une petite bouteille de vin, un jeu de cartes et un bon livre. Les paysages de la steppe mongole sont certes magnifiques, mais au bout de quelques heures, on peut s’en lasser un peu. Prévoyez aussi de quoi vous sustenter… la nourriture du restaurant est assez chère et loin d’être excellente (comme la nourriture en Mongolie, en général). Il y a toutefois quelques arrêts de 15 minutes où vous pourrez acheter un peu de nourriture mais en dehors des soupes instantanées et de quelques paquets de chips ou chocolat, le choix est assez limité. CA noter, chose importante, que chaque wagon dispose d’un robinet d’eau chaude… bien pratique pour votre soupe instantanée justement ou pour vous faire un ptit thé ou café pendant le trajet.
Traverser la frontière
La partie la plus chiante rébarbative du voyage arrive au moment de passer la frontière. Tout d’abord le train s’arrête et un militaire des douanes mongoles vous embarque votre passeport pour revenir quelques minutes plus tard avec votre tampon de sortie… jusqu’ici tout va bien. Le train repart et vers 21 heure, vous êtes (presque) aimablement invité à descendre du train pour passer la douane chinoise. C’est là que les choses se compliquent, l’hôtesse vous dit de prendre toute nos affaires, c’est du moins ce qu’on comprend, sans savoir réellement si on va changer de train ou non (on nous avait portant dit que non). En bonne péruvienne (toujours un peu méfiante), je suis descendu avec tous mon barda avant de réaliser que la majorité des autres voyageurs avaient tout laissé dans le train… dommage ! Au final, vous avez juste besoin de prendre votre passeport et vos affaires de valeur, rien de plus avant de vous ranger dans la queue sous l’œil attentif d’une horde de petits militaires chinois.
C’est là, que vous vous rendez compte qu’il y avait quand même quelques français passagers dans le train. Petit aparté car il est important de le signaler, après plus d’un mois en Mongolie, nous sommes arrivé à la conclusion que ces satanés français sont absolument partout (oui ou non, Alban?).
Bref, après un bon moment d’attente, vous passez finalement le poste de contrôle où un douanier examine méticuleusement votre passeport, votre visa, votre tête, si vos sourcils sont bien peignés et si vous avez les ongles propres… Vous avez envie de vous marrer mais il vaut mieux se retenir… surtout ne pas sourire, il pourrait mal l’interpréter. Après avoir répondu aux ordre d’une machine qui vous demande, aimablement et surtout, dans votre langue (vive la technologie chinoise), de poser vos mains pour prendre vos empreintes pendant qu’une caméra vous scanne pour avoir vos données biométriques… enfin, si vous avez de la chance, le douanier appose le précieux sésame qui vous donne officiellement le droit d’entrer en Chine… youpiiiiii !!!!
Vous pensez que le plus dur est fait… et bien non ! Il va vous falloir encore attendre environ 4 heures dans cette espèce de bâtiment moderne et impersonnel (la douane quoi) sans avoir le droit de sortir pour vous dégourdir les jambes. Heureusement, il y a quand même quelques chaises métalliques pour vous poser. Pourtant, le temps est long et, sans les quelques vendeurs ambulants qui vous proposent des soupes instantanées, des sandwichs immangeables et quelques bières, cela serait vraiment interminable. D’autant plus que personne n’est en mesure de nous dire le pourquoi du comment de cette attente. Il nous reste plus qu’à prendre notre mal en patience en picolant quelques bières en papotant avec les autres voyageurs.
Vers 1 heure du matin, victoire !!!! nous sommes enfin autorisés à retourner dans notre cabine pour la fin du voyage.
Alors la question que tout le monde se pose… pourquoi tant d’heures d’arrêt ?
On va vous décevoir mais on n’a pas réussi à en savoir plus. En gros, les rails mongoles et chinois n’ayant pas le même format, il faut visiblement changer les essieux du train ce qui prend environ une heure… pour le reste, mystère ! On suppose que nos amis chinois doivent passer le train au peigne fin (littéralement) à la recherche du moindre objet (ou grain de poussière) un peu suspect. On s’est toutefois rendu compte qu’il avait échangé notre magnifique wagon restaurant mongol pour le remplacer par un nouveau wagon qui ressemble étrangement à la cuisine d’une prison chinoise dans les contreforts du Sichuan. Le changement est drastique !
Bienvenue en Chine
Lorsque vous entrez en Chine, le paysage change radicalement : fini la tranquillité des grands espaces de la steppe mongole parsemés de quelques yourtes… vous entrez dans un monde bétonné à outrance où les ponts gigantesques, les blocs de tours de 30 étages, les lignes haute tension et les autoroutes flambant neuves ont remplacé la nature qui devait, autrefois, se trouver quelque part par là.
Le plus frappant est le nombre de chantiers faramineux et de grues qui envahissent l’horizon. Où que vous portiez votre regard, il y a un pont, une tour ou une ligne de chemin de fer en construction. C’est assez impressionnant et quand on pense que c’est à peu près pareil dans tout le pays, on comprend un peu mieux le « dynamisme » de la Chine et son appétit vorace pour toutes les matières premières de la planète. D’autant plus lorsque l’on constate que la plupart de ces immeubles paraissent vides et que toutes ces autoroutes sont désertes… ça laisse songeur.
Mais il est 14h heure passé et l’entrée en gare me sors de mes pensées, ça y est, nous sommes arrivés à Pékin !! C’est le début des caméras, des contrôles en tout genre au milieu d’une grisaille un peu surnaturelle… un peu comme Lima mais en pire ! Sors ton masque, tu viens d’arriver dans une des villes les plus polluées de la planète.
Une première impression un peu négative mais on reste malgré tout positif… après plus d’un mois de voyage, nous sommes prêts à découvrir la Chine ! Mais quoi qu’il en soit, la Mongolie restera bien présente dans nos esprits… peut être un peu parce que c’est le premier pays de notre voyage mais plus certainement, pour sa population incroyable et ses paysages sans fin.
Bayartaa Mongolie et N-ijao, China!!!!.
En conclusion
On a aimé :
- Voyager dans le train car vous pouvez profiter des paysages depuis le confort de votre compartiment… magnifique, surtout la partie mongole.
- Les cabines de première classe sont super confortables.
- Le wagon restaurant du train, mais seulement le mongol (oubliez le chinois).
On n’a pas trop aimé :
- Le wagon restaurant chinois.
- Bien qu’il s’agisse d’un train dans lequel la plupart des passagers étrangers, aucune hôtesse ne parle anglais. Cela rend la communication un peu compliquée, surtout quand on arrive à la frontière et que vous ne savez pas quoi faire ou ce qui va se passer.
- Le restaurant en général (chinois ou mongol) est cher et la nourriture n’est pas super bonne.
- Les 5 heures d’attente au passage de frontière avant de pouvoir entrer en Chine.
Informations utiles :
Billet et prix du Trans Mongolien :
- Pour acheter vos billets, vous devez vous rendre à la gare principale, au deuxième étage. Personne ne parle anglais, alors préparer un ptit texte en mongol dans lequel vous indiquez que vous souhaitez acheter un billet pour Pékin en précisant la classe et la date. Parfois, vous pouvez avoir de la chance et trouver quelqu’un à la fenêtre qui comprend un peu l’anglais. Il existe des agences de tourisme à UB qui peuvent acheter votre billet mais elles vous factureront sûrement une commission.
- Le jour de votre voyage, prévoyez d’arriver un peu à l’avance pour être tranquille. Il nous a fallu presque une demi-heure pour trouver notre wagon.
- Prix pour le billet en première classe 180 US$ avec possibilité de payer par carte de crédit ou en espèces.
Quoi prévoir pour le trajet :
- Téléchargez le traducteur Google chinois-anglais, que vous pouvez utiliser sans connexion. Il vous sera bien utile à votre arrivée à Pékin
- Nous vous recommandons de prévoir de quoi grignoter pendant le voyage : sandwich ou soupe instantanée (pas le plus sain on est d’accord. Au cas ou, vous pourrez en acheter quelques soupes ou autre paquet de chips au différents arrêts et au pire, il vous restera le restaurant du train (même si c’est bien cher pour ce que c’est).
- Votre bouteille de vin (et tire-bouchon). On l’a bien apprécié, mais soyez discret car en théorie il est interdit de boire de l’alcool dans le train.
- Pas besoin d’apporter de l’eau, vous en trouverez, froide et chaude, à disposition dans chaque wagon.